C'est du propre !

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LundiCarotte entame un cycle sur... les lessives ! Et pour ça, on vous a concocté deux articles hauts en couleurs : aujourd’hui, on parle produits de lavage, pour revenir dans quelques semaines sur les machines à laver (et) le linge. Départ !


LundiCarotte lave son linge sale en public

 Les Français réalisent en moyenne 3,5 cycles par semaine (pdf). Comme 60 % d’entre eux, la Rédaction utilise de la lessive liquide. À chaque lavage, nous mettons environ 115 ml (pdf) de produit. À la fin de l’année, on se retrouve donc avec un bilan de 21 l et 100 € dépensés, le litre de lessive classique coûtant environ 5 €. C’était le CalculCarotte de la semaine !

Mais à qui profite donc cet argent, nous direz-vous ? Principalement à trois enseignes qui détiennent 84 % (pdf) du marché lessiviel : Procter & Gamble, Unilever et Henkel.

Cette quantité peut sembler importante, mais d’après l’association de consommateurs UFC - Que Choisir, les trois quarts des Français estiment avoir diminué la dose de lessive utilisée ces dix dernières années. Logique, quand on voit la prolifération des lessives ultra-concentrées, mais encore plus quand on se rappelle que les conditions de travail des Français ont changé pour devenir moins salissantes qu’auparavant. On en a, de la chance !

Le développement des lessives ultra-concentrées fait aussi que, pour comparer les prix, mieux vaut comparer le prix au lavage que le prix au litre 

Une lessive pas si propre

 Qui n’a jamais fait la moue en sortant de la machine un T-shirt blanc faisant grise mine ? Les lessives contiennent de nombreuses substances aux noms chimiques compliqués dont certaines ont des pouvoirs blanchissants.

Le perborate de sodium est un agent blanchissant présent dans beaucoup de lessives. Une fois dans l’eau, il libère du bore, qui peut nuire à la faune et à la flore. Il est suspecté d’être reprotoxique, soit d’affecter les capacités reproductrices, et il est phytotoxique ou nuisible aux plantes à haute dose .

Côté blanchiment, on retrouve également les azurants optiques. Leur effet n’est pourtant que poudre aux yeux, puisqu’ils ne font que se fixer au linge pour refléter les rayons à certaines longueurs d’onde, de telle sorte qu’un blanc un peu terne ressorte éclatant de la machine. Plusieurs sources suggèrent de les éviter. Les azurants optiques ne sont pas biodégradables et ont un potentiel d’accumulation dans la chaîne alimentaire. Selon un rapport de 2011 par l’Ecolabel Européen, les effets des azurants optiques sur l’environnement ne sont pas encore bien connus.

Si l’on veut appliquer le principe de précaution, rien de plus facile que de les remplacer : de l’eau citronnée, un séchage au soleil et le tour est joué ! 

Poudre aux yeux ou liquidation ?

 Au-delà de l’aspect “plus blanc que blanc”, les lessives contiennent également des tensioactifs qui remplissent la mission principale du produit : enlever la saleté des vêtements pour la disperser dans l’eau. D’autres additifs sont présents selon que l’on remplit son bac avec une version liquide ou solide.

Les lessives en poudre ont pour spécificité de contenir des agents anticalcaire comme l’EDTA, de son petit nom éthylène diamine tétra acétate. Peu biodégradable, cette substance agrège les métaux lourds : elle forme ainsi des complexes qui, par la suite, se retrouvent dans l’eau et dans la chaîne alimentaire.

D’autres agents anticalcaire, les polycarboxylates, seraient aussi à éviter en raison de leur faible biodégradabilité.

Avant l'interdiction par la France de leur présence dans les lessives en 2007, c’étaient les phosphates qui assuraient cette fonction d’anticalcaire. La pollution des eaux aux phosphates, responsable de la prolifération d’algues, était alors due à 11 % aux lessives. A noter que les phosphates peuvent toujours être présents dans les produits commercialisés dans d’autres pays.

Les lessives liquides, si elles ne contiennent pas d’agents anticalcaire, sont riches en tensioactifs. Ceux-ci peuvent être d’origine végétale ou issus de la pétrochimie. Pour connaître ce qui est préférable pour l’environnement entre des dérivés d’huile de palme ou de coco et ceux du pétrole et autres ressources fossiles, le dilemme reste entier. On se posait déjà la question dans notre article sur les bougies.

En fonction de vos sensibilités, un guide pour les repérer parmi une liste d’ingrédients est disponible ici.

Les lessives en poudre ont tout de même l’avantage sur les lessives liquides de contenir moins de conservateurs, grâce à leur moindre périssabilité.

Quant aux lingettes antitransfert de couleurs comme les fameuses lingettes Décolor Stop, elles constituent in fine un déchet plus ou moins biodégradable, selon qu’elles sont en cellulose, en matières synthétiques ou en coton (pour celles qui sont réutilisables). Sans oublier bien sûr l’impact environnemental de leur production !

Si l’on n’a pas la possibilité de séparer son linge blanc et celui de couleur, on peut toujours, comme Elisa, se servir des lingettes usagées comme chiffon pour le ménage et/ou se tourner vers des modèles réutilisables. 

« Avant 2007, 11 % de la pollution aux phosphates était due aux lessives. »

Ça décape

 Afin que notre linge sente le propre, les lessives contiennent des parfums à foison. Parmi ces fragrances, 26 ont été déclarées comme fréquemment responsables de réactions allergiques par la Commission Européenne (anglais) et doivent figurer sur les étiquettes quand leur concentration dépasse 0,01 %.

Un Européen sur 100 serait victime d’allergies dues au contact de la peau avec ces substances parfumantes. Avis aux personnes sensibles : la seule présence de ces produits peut provoquer une réaction !

Certaines sources avancent que les azurants optiques sont également des allergènes.

Pour les 44 % d’entre nous qui utilisent des adoucissants, il est important de savoir qu’ils contiennent leur part d’allergènes.

Petit coup d’esbroufe pour répondre à ce problème sanitaire avec la mention “testée sous contrôle dermatologique”, “hypoallergénique” et autres “peaux sensibles” : elles ne garantissent pas l’absence de produits allergisants, comme nous le rappelions dans notre article sur le savon. Pour les éviter, l’UFC - Que choisir recommande de privilégier les lessives sans parfum.

Enfin, les détergents - tout comme les pesticides - sont soupçonnés d’être responsables de la diminution de la spermatogenèse humaine, i.e. la fabrication des spermatozoïdes. Aïe aïe aïe ! 

Laver son linge autrement

 Comme nous l’expliquions plus haut, les répercussions environnementales des détergents lessiviels classiques sont importantes. Ainsi, de plus en plus de lessives dites écologiques font leur chemin dans nos rayons et 60 millions de Consommateurs les a analysées. Elles écartent certains conservateurs mis en cause et portent une attention particulière à la recyclabilité des emballages et à la biodégradabilité des lessives. Ecocert privilégie même les composants d’origine biologique

Afin de dresser le tableau le plus complet possible, nous avons retroussé nos manches et plongé du côté des recettes de grand-mère et autres alternatives.

• Comme l’a expérimenté Garance, les lessives au savon noir et au savon de Marseille demandent de la patience et de la préparation lors des premiers essais. Alix, ex-rédactrice, a eu plus de chance et a réussi du premier coup à concocter la recette en images de la Famille Zéro Déchet. Elle a un peu dérapé sur l’huile essentielle de lavande, mais son linge n’en sent que meilleur. Toutes deux sont d’accord sur le fait que leur lessive faite maison est généralement efficace pour laver du linge normalement sale. Attention toutefois à l’encrassage que peut provoquer le savon de Marseille : pensons à entretenir régulièrement nos machines, on vous en parlera plus en détail dans le numéro sur les machines à laver. Vous trouverez un article de blog très complet autour de la lessive au savon de Marseille par ici.

• Il existe différentes recettes à base de plantes contenant de la saponine, un détergent antibactérien naturel. Les noix de lavage ne sont apparemment pas la panacée d’après 60 millions de Consommateurs. En plus de leur provenance lointaine, elles ne laveraient pas mieux que l’eau chaude seule. Autre alternative : le lierre, que l’on peut transformer en lessive en suivant cette recette. C’est une solution plus locale et qui a l’avantage d’être gratuite. On peut enfin se servir de marrons pour laver son linge. Pour la recette c’est ici.

La cendre contient de la potasse qui permet de détacher et de retirer la graisse, c’est pourquoi elle peut être utilisée dans des lessives faites maison. Méfiance cependant pour ce qui concerne le linge blanc, car la cendre aurait la mauvaise manie de le griser ! Instructions et astuces par ici.

• Pléthore de pages web recommandent de mettre du vinaigre blanc dans le bac à adoucissant. Cette technique aurait en effet le double avantage d’adoucir le linge et d’entretenir la machine. Pour ce qui est de l’odeur, comme annoncé, Garance n’en a pas constaté la présence après lavage.

• Enfin, il existe des boules de lavage contenant des billes de céramique ou des aimants. Celles-ci auraient la propriété de décoller les saletés, mais leur efficacité est remise en question. Elles n’auraient pas plus d’effet que de simples balles, qui nettoieraient partiellement le linge grâce à leur action mécanique. Ainsi, on pourrait diminuer la quantité de détergent utilisée 

Les AstuceCarotte pour laver plus blanc que blanc

• Privilégier les lessives labellisées Ecocert ou Ecolabel
• Adapter les doses de lessive utilisées à la saleté du linge et à la dureté de l’eau comme décrit ici. Sinon, pourquoi pas se tourner vers les lessives modulaires ?
• Remplacer les adoucissants par du vinaigre blanc
• Si l’envie nous prend, tester les recettes de grand-mère proposées un peu plus haut !

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